Altitude : 400m  Superficie : 1748ha

Code postal : 63460
Nombre d’habitants : 800
Canton : Aigueperse
Arrondissement : Riom
Pays : France

 

Fontaine à Artonne

La commune d’Artonne, « belvédère de la Limagne », peut s’enorgueillir de son riche passé qui remonterait au Néolithique. Ville gallo-romaine très importante située à un carrefour de voies antiques dont celle reliant la capitale des Arvernes, Gergovie, à la capitale des Bituriges, Avaricum (Bourges), elle fut fortifiée lors du haut Moyen-Âge, comme en témoignent les vestiges de remparts. Elle reçut la visite de saint Martin à qui fut dédiée la célèbre église romane construite au XIe s. Artonne est un village vigneron typique : les coteaux entourant le village étaient réservés à la vigne, alors que les terres en contre-bas étaient consacrées à l’activité maraîchère. Aujourd’hui, Artonne est connue pour ses productions d’ail et de melon.

A découvrir : Collégiale St-Martin – Vitrail (XIe s. Monument historique), Fontaines du XIXe et XXe s., Coin médiéval,

Coteau du Puy-St Jean, Berges de la Morge, Maison de Pays, nombreux châteaux privés* et moulins.
* Comme la plupart des châteaux du territoire excepté ceux d’Effiat, La Roche et de Villemont, ces châteaux ne sont pas accessibles au public.



Collégiale Saint Martin

Juchée sur un coteau à l’ouest de la Grande Limagne, Artonne domine la plaine de Riom. De 2000 habitants sur la commune à la Révolution, les Artonnois sont moins de 800 au début du XXle siècle.

Étant une ville de passage grâce à la voie romaine de Clermont à Néris, le développement d’Artonne fut considérable sous l’Antiquité et le Moyen Age. De nombreuses découvertes ont eu lieu depuis le XVlIIe siècle. De l’époque romaine, des tombeaux creusés dans le rocher, des squelettes, des médailles, des vases et des urnes ont été exhumés du sol de la commune. Le vicus d’Artonne possédait son tribunal, son marché et même son atelier monétaire. Au Ve siècle, Grégoire de Tours s’arrêta sur le tombeau de sainte Vitaline, aujourd’hui sainte patronne du lieu, fêtée le 27 mai et célébrée le dimanche qui suit. Il avait suivi le périple que saint Martin de Tours avait fait un siècle avant lui. Dans son récit, il raconte les légendes du lieu.

A cause d’un péché de luxure commis le vendredi saint, sainte Vitaline n’avait pas encore accédé au Paradis lors de sa discussion intemporelle avec le futur saint Martin. Elle permit aussi, lors d’un repas, de nourrir tous les pauvres en procurant la nourriture.
Les traces de son passé glorieux se retrouvent dans son paysage. Jusqu’au XVIIIe siècle, Artonne fut une ville fortifiée, agrégée aux treize Bonnes villes de Basse Auvergne en 1588. Les différentes phases de la construction des enceintes se retrouvent dans le tracé des rues d’Artonne. Au centre, comprenant la collégiale Saint-Martin et le baptistère Saint-Jean-Baptiste, démoli à la Révolution, les premiers remparts sont très visibles. L’antique tour reste l’un des vestiges de cette construction.

Une motte castrale, situé à l’est de l’église restante, mais déformée par les constructions, montre l’importance seigneuriale de cette localité. La plus grande enceinte mesure de 250 à 350 mètres de diamètre et est parfaitement visible dans le dessin du parcellaire.

Siège de l’archiprêtré de Limagne durant le haut Moyen Âge, un chapitre composé d’un abbé et de douze chanoines fut fondé en 1048 par Guillaume de Thiers.

Louis XV décida en 1771 de le supprimer et de le réunir à celui du Marthuret de Riom, sous le vocable de Saint Louis. Cela n’eut pas lieu, mais la Révolution eut raison du chapitre Saint-Martin d’Artonne

Artonne constituait aussi un fief très important en Auvergne. D’abord possédé par les vicomtes de Thiers jusqu’au XIVe siècle, il passa ensuite, tour à tour, aux Bouteiller de Senlis, aux du Peschin et aux de La Tour d’Auvergne. Grâce à cette dernière alliance, Catherine de Médicis hérita de la seigneurie d’Artonne. Par son mariage avec le futur Henri II, le fief devint une possession royale. Par la suite, les de Rochechouart héritèrent d’une partie de ce fief qui fut revendue aux de Broglie. L’autre partie fut comprise dans l’échange de Sedan et fut donnée aux ducs de Bouillon. La départementale allant d’Aigueperse à Saint-Myon passe juste en dessous du village et permet aux visiteurs de s’arrêter et d’admirer les nombreux restes féodaux. De plus, l’église Saint-Martin mérite un arrêt. Â l’intérieure comme à l’extérieure, elle se révèle, par son évolution architecturale, un témoin fidèle de notre passé.

  Nadine Moulin


ARTONNE ET SA SAINTE PATRONNE : VITALINE

L’un des personnages les plus connus d’Artonne est sa sainte patronne : Vitaline. Grégoire de Tours, dans son ouvrage hagiographique De gloria confessorum (De la gloire des confesseurs), décrit la visite que fit saint Martin au tombeau de sainte Vitaline, un siècle avant lui, en 390. Selon la légende, sainte Vitaline aurait confié à saint Martin quelle ne bénéficiait pas de la présence du Seigneur, car elle s’était lavé les cheveux le Vendredi Saint. Les prières de ce dernier permirent d’effacer son péché et de lui ouvrir les portes du Paradis.

La fête patronale a lieu, en son honneur, le week end qui suit le 27 mai. Autrefois, les célébrations religieuses marquaient le point culminant des festivités. Le samedi, une procession partait de l’église d’Artonne pour aller rejoindre la rivière, la Morge, au bord de laquelle aurait vécu Vitaline. Le dimanche, pendant la grand-messe, était chanté le quatrain :
Sainte patronne
De nos aïeux
Sur notre Artonne
Jette les yeux

Puis une deuxième procession effectuait le tour du village, accompagnée de la statue, à laquelle des cerises étaient accrochées à la main droite, pour l’occasion. Elle était portée par les jeunes filles. Ensuite, venaient les conscrits qui tenaient les reliques. Ce cortège était accompagné par des bannières qui représentaient la paroisse d’Artonne.

Le jour réel de la fête de sainte Vitaline reste un mystère. Elle serait apparue à plusieurs personnes auxquelles elle aurait indiqué quel était le jour de sa mort afin que l’on fit mémoire d’elle. Mais si les principaux ouvrages concernant les saints sont consultés et comparés entre eux, des dates très différentes apparaissent. Il y a le 21 février, le 25 mai, le 27 mai, le 13 août et le 13 décembre. Cette diversité de dates est extraordinaire pour une petite sainte locale. Malgré son faible rayonnement, les évolutions sont constantes depuis dix sept siècles. Le choix du 27 mai, comme date communément admise à Artonne, s’est fait depuis fort longtemps, certainement pour des raisons climatiques.

Lors d’une visite thématique d’Artonne, il peut être intéressant de se servir de sainte Vitaline comme fil directeur, pour appréhender l’organisation du patrimoine. À l’intérieur de l’église, une chapelle lui est dédiée. Elle abrite sa statue, ainsi que le vitrail de Saint Martin. Ce dernier est représenté, habillé en évêque, se recueillant devant le tombeau de sainte Vitaline, en forme de cercueil, sur lequel le monogramme du Christ est dessiné.

Devant la petite porte de l’église, se trouve une croix de 1665. Sa base est constituée de quatre personnages sculptés dans la pierre : saint Pateme, saint Joseph, saint Martin et sainte Vitaline. La cloche de 1883, qui sonne les Angélus, est dédiée à sainte Vitaline. De même, une rue porte son nom. Elle correspond aux limites des anciennes fortifications.

À la fin de l’Antiquité, les femmes qualifiées de saintes sont extrêmement rares, dans une société dominée par les hommes. Les processus de canonisation de l’Église ne sont pas encore mis en place et c’est la vox populi (la voix du peuple), qui sanctifie les gens.

Les principales œuvres d’art d’Artonne sont d’inspiration religieuse. C’est une façon, pour la population, de se placer sous la protection des saints. *

Nadine Moulin

* extrait de « Sainte Vitaline, patronne d’Artonne », dans SPARSAE, n° 53, premier semestre 2004.

Autres communes :
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