Lors de leur conférence du 13 octobre 2018 à la salle multimédia du collège Diderot d’Aigueperse, Claire Agbessi*, présidente du Club historique mozacois et de Volvic, histoire et patrimoine, et Michel Debatisse* de l’Association culturelle d’Aigueperse et ses environs (ACAE), rédacteur de la revue Sparsae, ont fait revivre pour un soir, le souvenir de nombreux Puydômois partis, dans la seconde moitié du XIXe siècle, pour les régions lointaines et sauvages des déserts du sud-ouest de l’Amérique, les futurs États du Nouveau-Mexique, de l’Arizona et du Colorado.

Le départ de ces Auvergnats suivit la visite de l’évêque de Cincinnati (Ohio), venu à Clermont-Ferrand en 1839, à la recherche de prêtres et séminaristes afin de combler le départ des franciscains espagnols et mexicains ayant quitté ces territoires lors de leur prise de possession par les Etats-Unis. Peu après, Jean-Baptiste Lamy (1814-1888), originaire de Lempdes, fut nommé par le Saint Siège évêque de l’immense diocèse dont le siège était la petite ville de Santa Fé, future capitale du Nouveau-Mexique. C’est ce dernier qui, peu à peu, put convaincre nombre de missionnaires de l’accompagner jusqu’au Nouveau Monde. Quatre d’entre eux devinrent même les premiers archevêques de diocèses qui y furent créés.

Piste de Santa Fé (cliquer sur la carte pour ouvrir dans une fenêtre séparée)
Michel Debatisse fit revivre les péripéties que vécurent non seulement ces religieux mais, souvent, leurs parents et des ouvriers venus de Riom, Aigueperse, Volvic, pour les aider à construire des logements, des écoles, un hôpital, et remettre en état nombre d’anciennes chapelles laissées en déshérence après le départ des Mexicains.
Mais le grand projet, que l’on peut admirer de nos jours, fut la construction d’une magnifique cathédrale, d’un style inspiré d’exemples auvergnats et dont les vitraux sont de l’atelier de Félix Gaudin (1851-1930), maître verrier, cours Sablon à Clermont. Sous l’autorité respective de Mgr Lamy, puis de Mgr Jean-Baptiste Salpointe (1825-1898), originaire des Combrailles, l’administration du projet revint principalement au recteur de la cathédrale, Pierre Eguillon (1820-1892), arrivé au Nouveau-Mexique dès l’année 1854.

Claire Agbessi montra combien cette construction ainsi que celle d’une chapelle de style gothique pour les religieuses, ne fut pas dénuée de difficultés. Plusieurs architectes venus de Volvic en tracèrent les plans et des entrepreneurs auvergnats, dont Quintien Monier** (1853-1923), d’Aigueperse, en conduisirent les travaux. Un accent particulier fut également mis sur la vie de Joseph Macheboeuf (1812-1889), prêtre originaire de Riom, d’une famille volvicoise, qui devint le premier archevêque de Denver (Colorado).

 

LISTE DES PRETRES PUYDOMOIS

 

Les conférenciers insistèrent sur leur surprise de découvrir, lors de leurs recherches, cette extraordinaire épopée, aujourd’hui oubliée en France, d’une centaine d’Auvergnats partis dans ces territoires lointains au climat rigoureux autant en été qu’en hiver, et aux tribus amérindiennes (Apaches, Comanches, etc.) souvent non encore pacifiées. A l’opposé, ils furent tout autant heureusement étonnés de noter combien cette histoire restait précieusement conservée dans les archives américaines. Une fois encore… nul n’est donc prophète en son pays !
Olivier Paradis, président de l’ACAE, remercia les orateurs ainsi que le collège Diderot qui accueillit cette conférence, avant d’inviter la nombreuse assistance à partager impressions et commentaires autour d’un verre de l’amitié.
Olivier Paradis remercie Claire Agbessi et M. Debatisse

 

* C. Agbessi et M. Debatisse ont publié sur ce sujet dans les numéros 81 et 82 de la revue Sparsae (voir détails sur ce site).
** Un article par M. Allayes sur Quintien Monier a été publié dans le numéro 51 de la revue Sparsae (voir détails sur ce site).
Texte : Sparsae ; Photos : M. Debatisse, N. Moulin, F.M. Patorni.