L’Association culturelle d’Aigueperse et ses environs (ACAE) a proposé le samedi 22 novembre un voyage dans le temps et dans l’espace aux nombreux auditeurs venus écouter Olivier Paradis, historien et président de l’ACAE.

Toponymes et odonymes à l’ordre du jour de la conférence d’automne

Comme dans bons nombres de villages auvergnats, les toponymes, c’est-à-dire noms de terroirs et odonymes, noms de rues, sont très anciens. Certains peuvent même remonter même aux Gaulois ou aux Romains. Cette visite virtuelle d’Aigueperse a permis de mentionner quelques personnages aujourd’hui oubliés mais dont les noms restent attribués depuis longtemps à certaines voies. C’est le cas du médecin Voyret, de l’abbé Fouet, du poète Nesson ou du magistrat Godemel.

Des métiers autrefois pratiqués dans des lieux près du ruisseau du Buron ont aussi laissé leurs empreintes : rue Aux Chevrils pour les « chevriers » qui peignaient le chanvre, rue Au Bureau, mot qui a subi une déformation, car il s’agissait de la rue aux Bourreaux, les bouchers qui abattaient les animaux. Autre exemple, la rue de la Recluse qui avait une petite habitation où vivait enfermée une femme, une recluse, qui priait pour protéger la population de la ville qui, en retour, la nourrissait. Les consuls d’Aigueperse finirent par fermer cette maisonnette lorsqu’on s’aperçut que la recluse tendait à oublier ses prières et à trop souvent recevoir la gent masculine des environs…

Les saints protecteurs de la ville, saint James, saint Quintien et saint Nicolas qui protégeaient les portes de ville, ne furent pas  non plus oubliés, tout comme les noms de terroir dont les possesseurs d’Ancien Régime restent fidèlement mentionnés sur le cadastre actuel. Ainsi, le bailli possédait le Pré Bailly et les chanoines de la collégiale Notre-Dame détenaient le Champ Chapitre. Et difficile d’oublier La Justice, lieu-dit situé hors les murs, en sortie sud d’Aigueperse, qui accueillait le gibet destiné à faire réfléchir les voyageurs éventuellement mal-intentionnés.

La Porte de la Chaussade, à l’entrée sud d’Aigueperse, avait, semble-t-il, une chaussée empierrée. Une route diagonale longeant le nord de la ville menait du château de Montpensier à celui de la Roche. On la discerne encore aujourd’hui dans le tracé des rues de la ville. Des noms ont aussi subi l’usure du temps comme Nantillat, qui devait être « Lentillat ».

Tous les toponymes évoqués ont fait resurgir du passé d’autres paysages et d’anciennes réalités économiques comme en témoignent la rue des Pêcheries où se trouvaient des bassins d’élevage de poissons ou la Fontbarra où l’eau du ruisseau était « barrée » et redirigée par une écluse. Plus récemment désigné, le quartier dit du Tonkin faisait référence à un territoire tout en désordre, l’ancien dépotoir, à l’entrée d’Aigueperse sur la route d’Artonne.

Après les questions que cette thématique avait suscitées, Olivier Paradis poursuivit en s’arrêtant brièvement sur les origines des noms de quelques villages des alentours.

Après la remise traditionnelle du paquet de massepains au conférencier, la soirée s’est achevée autour du non moins traditionnel pot de l’amitié.

4 décembre 2025
Texte et photos : ACAE