SORTIE DE PRINTEMPS 2025 – L’ASSOCIATION CULTURELLE SUR LES PAS DES AUVERGNATS – compte-rendu
Du 22 au 25 avril dernier, une cinquantaine d’adhérents de l’Association culturelle d’Aigueperse et ses environs ont participé à une excursion intitulée « Sur les pas des Auvergnats en Touraine ».
Parti d’Aigueperse tôt le matin, la première visite fut pour le plus célèbre des châteaux de la Loire, Chambord. Avec son parc de 5440 ha et ses 32 km de murs, ce pavillon de chasse conserve de nombreux animaux en liberté. Situé à l’emplacement d’un château-fort relevant des comtes de Blois, il est rattaché à la couronne de France lorsque Louis d’Orléans devient Louis XII en 1498. Son successeur, François Ier, décide de faire construire un magnifique palais dans lequel il ne viendra que 42 jours en 32 ans de règne, mais qu’il montrera à son adversaire de toujours Charles Quint.

De grands architectes travaillèrent à cet ouvrage mais c’est le grand escalier à double révolution qui retient l’attention. C’est certainement l’œuvre du génie Léonard de Vinci qui est arrivé en France grâce à François Ier. Le plafond à caisson du 2e étage porte d’ailleurs la symbolique de ce roi avec des F couronnés et des salamandres. Gaston d’Orléans, frère de Louis XIII, poursuit les travaux mais c’est Louis XIV qui terminera le projet. Louis XV y loge son beau-père, Stanislas Leszczynki, roi de Pologne en exil, entre 1725 et 1733. Après de multiples saccages pendant la période révolutionnaire, le domaine est acquis en 1821 pour être offert au jeune comte d’Artois, futur comte de Chambord. Au XXe siècle, le château devient le centre de triage des musées nationaux de Paris. Il est classé en 1981 au patrimoine mondial de l’Unesco.

Après le déjeuner dans les anciennes écuries du château, le car emmena les visiteurs poursuivre leurs découvertes à Blois. La route menant de Chambord à Blois est une levée de Loire créé sous Napoléon III. Cela permettait de créer une voie de communication qui longeait à sec le fleuve qui était une voie très importante de communication et de commerce jusqu’à la création du chemin de fer. C’est sous une pluie battante que les aiguepersois ont parcourus les derniers mètres pour accéder au château. Ce château dépendait des comtes de Blois. La statue équestre de Louis XII sur la façade rappelle qu’il fut le premier roi à le posséder. Blois est en fait constitué de quatre châteaux qui en constituent l’ensemble. Le premier est constitué d’une forteresse du XIIIe siècle, le deuxième de l’aile gothique de Louis XII, le troisième de l’aile Renaissance de François Ier et le dernier de l’aile classique de Gaston d’Orléans, qui ne fut jamais terminé. Le château conserve des trésors lapidaires dont bons nombres portent des porcs-épics, animal symbole de Louis XII. Construit en tuffeau blanc de Touraine et recouverte d’ardoise, c’est dans ce château que se sont réunis plusieurs fois les états généraux. En 1588, c’est au cours de l’un d’entre eux que la ville d’Artonne fut agrégée aux bonnes villes de Basse Auvergne. Ces réunions se sont déroulées dans la grande salle des États. Il faut rappeler que c’est dans le cadre de ces réunions que le duc de Guise fut assassiné dans la chambre du roi Henri III.
Les visiteurs se rendirent ensuite chez un vigneron « Château Gaudrelle » dans une cave troglodyte pour déguster le vin local.
Le lendemain, ils découvrirent la ville de Montrichard où se trouve l’Hôtel d’Effiat. Construit par Jacques de Beaune, ce domaine est hérité par le marquis d’Effiat qui le donne à son fils Antoine. En 1714, cette propriété est donnée à la ville par ce seigneur pour y installer un hospice. C’est un centre socio-culturel depuis 1978. Dans le jardin, se trouve un arbre remarquable, un Ginko Biloba. L’église du lieu était autrefois la chapelle du château où Louis XI a marié ses deux filles.

Puis, ce fut la découverte de Chenonceau, le château qui surplombe le Cher. C’était à l’origine un moulin. De l’époque Renaissance ne subsiste aujourd’hui que la tour des Marques. Cette famille va vendre le bâtiment à Thomas Bohier, né à Issoire. Il fait détruire le château-fort et le moulin. Quand il meurt en 1524, il est maître des comptes à Paris et en raison d’un déficit sur son patrimoine, ce bien revient à la couronne. Henri II y logera Diane de Poitiers avant que ce lieu reçoive la cour de Catherine de Médicis. L’architecte Philibert Delorme propose de construire un pont et de créer de nouveaux jardins de l’autre côté de la rivière. De nombreuses fêtes se déroulent dans ce lieu comme pour la paix d’Amboise en 1563 sous Charles IX.
Après le déjeuner dans un restaurant des jardins, les Aiguepersois ont gravi les escaliers d’accès du château d’Amboise. Situé sur un éperon rocheux, cette forteresse protégeait la ville et la Vienne. Ce château entre dans l’escarcelle royal lorsque Louis d’Amboise est condamné à mort pour complot. Les seigneurs d’Amboise doivent entretenir les ponts et pour cela perçoivent les péages. Ils possèdent des tours cavalières permettant à des chevaux d’entrer et de sortir. Le roi Charles VIII est décédé suite à la percussion de sa tête contre un linteau. Les restes de Léonard de Vinci repose dans la chapelle. 80% du château est détruit au début du XIXe siècle. Le roi Louis-Philippe l’achète ensuite et fait aménager des appartements confortables au 2e étage. Sous la 2e République, l’émir Abd El-Kader y est emprisonné. Il appartient depuis 1974 à la fondation Saint-Louis créé par le comte de Paris.
Toujours à Amboise, la visite se devait d’être compléter par celle du Clos Lucé, où a vécu Léonard de Vinci. Quand ce dernier arrive en France, il vient avec La Joconde, le Saint Jean-Baptiste et Sainte Anne, La Vierge et L’Enfant Jésus. François Ier lui octroie 1000 écus d’or par an. Formé par Verrochio, Léonard est un polymathe, il possède des connaissances approfondies dans différents domaines. Il domine les arts de la peinture, de la sculpture, de l’architecture, du stylisme. Il a mis au point l’ancêtre de l’hélicoptère et du char d’assaut.

Le dernier jour débuta à Saint-Mars-la-Pile. C’est le nom de ce marquisat qui fut donné au fils cadet du marquis d’Effiat. Un château-fort dominait la ville, il fut rasé sur ordre de Richelieu, il ne reste que deux tours rondes. C’est une ville rue entre le cours d’eau et les rochers du coteau. Beaucoup d’habitations sont troglodytes. La « pile » est le nom donné à une tour de l’époque gallo-romaine servant à se repérer pour naviguer sur la Loire.
Le château-fort de Langeais, situé sur un éperon rocheux, est construit au XIe siècle par Foulque Nerra. On y accède encore aujourd’hui par un pont-levis, sans eaux en-dessous. Avec les différents aménagements qu’il va recevoir, fenêtres à meneaux, chemin de ronde, c’est un château confortable et sûr. C’est ainsi qu’il accueille le 6 décembre 1491 le mariage de Charles VIII avec Anne de Bretagne. Cette union marque le début d’un long processus qui unira la Bretagne à la France en 1532. Souffrant d’un manque d’entretien, Jacques Siegfried le rachète en 1886 et le restaure et le remeuble. Les carrelages comportent notamment des fleurs de lys et des queues d’hermines. Il donne le château et son contenu à l’Institut de France en 1904.

Puis, ce fut Chinon avec un arrêt dégustation à la cave Couly-Dutheil avant de se rendre au restaurant. Le château est un ancien castrum mentionné par Grégoire de Tours. Il appartient au Xe siècle au comte de Blois. Mais ce château est un enjeu territorial avec les comtes d’Anjou qui s’en emparent en 1044. L’un des successeurs adopte de Plantagenêt. En 1205, le bâtiment est conquis par Philippe Auguste. Mais Henri II Plantagenêt est désigné héritier de la Couronne d’Angleterre en 1153 et décide de faire de Chinon sa capitale continentale, ses possessions s’étendant des Pyrénées à l’Écosse. Il y cache le trésor royal et y fait même enfermer son épouse Aliénor d’Aquitaine. C’est aussi à Chinon que Charles VII rencontre Jeanne d’Arc pour la première fois en 1429.

Avant de repartir, les visiteurs ont pu admirer la Sainte-Chapelle de Champigny-sur-Veude, la grande sœur de celle d’Aigueperse qui conserve des vitraux remarquables. Le tour de la ville de Richelieu fut également effectué. En effet, le plan orthonormé de cette bourgade aurait aussi dû être appliqué à Effiat mais le marquis est décédé trop jeune et son projet n’a pas pu aboutir. Le château qui se trouvait sur un côté de la ville a aujourd’hui disparu. Il existe toujours à Effiat mais la ville n’a jamais vu le jour.
Avec tous ces souvenirs en tête, les Aiguepersois prirent le chemin du retour gardant à l’esprit que les noms d’Effiat et de Montpensier sont célèbres dans toute la France.


ACAE
11 mai 2025