Une soixantaine d’adhérents et amis de l’Association culturelle d’Aigueperse et ses environs (ACAE) participèrent à la balade culturelle et associative programmée le dimanche 15 mai 2022 à Saint-Myon près d’Aigueperse.

En cette belle journée de printemps, le rendez-vous était donné devant l’église romane du village. Olivier Paradis, président de l’ACAE, commença par une présentation générale de la riche histoire de cette commune située en bordure de Limagne, sur une zone de rupture géologique d’où l’émergence de plusieurs sources ! On y connaît des sites occupés dès le néolithique comme Parret ou le Puy de Loule dont les terres sont légères et la Limagne avec sa terre grasse. La rivière Morge sépare Saint-Myon d’Artonne, sa voisine. On est là sur une zone agricole se caractérisant par de grands domaines.

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Profitant d’un gué sur la Morge, une voie antique traversait Saint-Myon. Pour des passages plus sûrs, un pont fait de deux arches fut ensuite construit que l’on aperçoit aujourd’hui encore depuis le pont routier. Ce dernier fut emporté lors d’une crue de 1826. On aperçoit encore depuis le pont routier la base des deux arches. Un autre pont fut réalisé environ vingt mètres en aval avec une seule arche. Détruit à son tour par la Résistance en juin 1944, il fut reconstruit à l’identique après guerre.

Le nom de la paroisse provient d’un saint local, Médulphe en l’honneur duquel un oratoire fut construit. Puis ce fut un prieuré qui dépendait de l’abbaye de Menat. À proximité de l’église se trouve encore aujourd’hui, à la propriété dite Clos des Moines, un important cellier du XIIIème siècle, témoin d’un ancien domaine viticole des moines de l’Abbaye de Menat, dont dépendait alors Saint-Myon. En 1118, une bulle du pape confirme l’existence de ce prieuré. Au Moyen Âge, Saint-Myon a une charte et 4 consuls gèrent la paroisse. Celle-ci dépendait pour l’essentiel de la seigneurie de Vaux es Limagne. En 1631, le marquis d’Effiat, alors seigneur de Saint-Myon, eut le projet de faire construire un bâtiment carré disposant même d’une salle pour prendre les eaux. Les marquis de Capponi, puis les de Bonneval, seront ensuite seigneurs de Saint-Myon.

En 1832, la comtesse de Bonneval fit construire une école. C’est une des premières écoles de la région.

Le groupe s’est alors scindé en deux. Les uns, sous la conduite de Michel Mialier, allant voir les sources, les autres, guidés par Olivier Paradis, s’attardant sur la découverte des richesses de l’église.

Saint-Myon, ville d’eau

Sur la place de l’Oche se trouve encore un moulin à noix dont le mécanisme provient de l’ancienne forge. Chaque année la commune y organise la fête de la noix.

Dans les anciens locaux de la source Desaix, une petite salle d’exposition présente plusieurs panneaux illustrant l’histoire des sources locales. Il y eut jusqu’à 9 sources exploitées qui jaillissaient sur les bords de la Morge : 6 sur Saint-Myon (les sources Communale, Desaix, Fayard, Jaffeux, Jeanne-Marie et Rigaud) et 3 sur Artonne (les sources Alphonse, Gros et Fradet). 2 d’entre elles sont naturelles. 7 ont été captées par des forages allant jusqu’à 7 et 13 mètres de profondeur. Dans tous les cas, il s’agit toutefois de la même eau gazeuse et ferrugineuse dont les débits varient entre 1 litre et 5 litres par minute.

La Source Desaix est la plus ancienne. En 1605, un médecin de Moulins la mentionne déjà. Un enfant aurait été guéri grâce à elle. En 1664, Antoine Vallot, premier médecin du roi, la prescrit au roi Louis XIV à prendre pour des cures de plusieurs jours .

Une série des bouteilles d’eau préparées par Michel Mialier et décorées d’étiquettes anciennes, attendait le groupe.  La dégustation qui suivit fut appréciée par les participants (la plupart des connaisseurs…).

Une petite mais magnifique église romane

L’église de Saint-Myon est la plus petite église romane disposant d’un déambulatoire en Auvergne. Elle accueillait des pèlerinages dédiés à saint Médulphe. Le rond-point entourant le chœur comporte 6 colonnes surmontées de très beaux chapiteaux romans. L’édifice ne comporte pas de transept. Le clocher se trouve sur la façade occidentale, il est probable qu’il se trouvait, à l’origine, à la croisée du transept, et qu’il se soit effondré. La nef comprend 2 travées romanes et 2 travées plus récentes avant un narthex. Jusqu’au milieu du XVIIIe siècle, avant sa restauration menée au XIXe siècle, l’église n’était pas entièrement voûtée.

Pour conclure la visite, le groupe se rendit près de la Morge, au Moulin Fradet situé légèrement en aval du village, côté commune d’Artonne,  où Mme Nicole Guillien présenta son atelier de créations sur lave émaillée et d’aquarelles. Des salles d’exposition disposées autour de l’ancienne roue du moulin y accueillent les visiteurs.

Au moment du déjeuner, les deux groupes se réunirent pour un pique-nique tiré du sac, pris à la salle des fêtes du village. Les participants apprécièrent une bonne brioche aux grattons arborant fièrement, disposé sur des piques, le logo de l’ACAE, la fameuse méduse actuellement exposée à Lezoux.

Au total, une belle journée passée ensemble à Saint-Myon, journée dédiée aux richesses de son église et au thème de l’eau, un autre trésor très appréciable en ces périodes de grave sécheresse connue en nombreux points de France et du monde.

Prochaines réunions de l’ACAE : permanence de juin et conférence sur l’abbé Delille (voir agenda sur ce site).

Texte : N. Moulin
Photos : O. Gaby, C. Genest, G. Houzé, E. Mossang, N. Moulin
Montages : Sparsae
18 mai 2022