– Découverte d’une nouvelle borne de délimitation de la forêt de Montpensier.

Face A.
Légèrement abrasée dans   sa partie supérieure, elle a été réemployée comme linteau, ou montant, d’une ouverture comme en témoigne la feuillure pratiquée sur un côté. Comme toutes ces bornes, elle porte les noms des lieux-dits entre lesquels elles étaient implantées.

Face A : LANDE DE BRUGHEAS 

Face B.
La Grande Mademoiselle, duchesse de Montpensier, avait tenu, au XVIIème siècle, à faire borner son immense domaine forestier qui s’étendait, à l’époque, sur la plus grande partie des forêts dites aujourd’hui de Montpensier, de Randan et de la Boucharde.

    

Face B : GRAND SEILLOUX

Ces indications toponymiques renvoient à un lieu situé à proximité du village de Brugheas et de l’actuelle forêt de La Boucharde.

– Base de colonne octogonale

Cette base de colonne taillée dans la pierre de Chaptuzat, possède une particularité : la présence, aux angles, d’un « aplat » formant un triangle, en lieu et place des griffes que l’on trouve ordinairement à cet emplacement :voir les griffes des bases de colonnes de l’église N.D d’Aigueperse (première moitié du XIIIème siècle).
Cette disposition permet au tailleur de faire ainsi une transition entre la forme carrée et l’octogone. Les tambours de cette colonne étaient à 8 faces. C’est une particularité architecturale que l’on trouve entre l’extrême fin du XIIème siècle et le règne de Saint-Louis (milieu du XIIIème).
Ces colonnes octogonales sont caractéristiques de l’abbaye de Senlis, du collège des Bernardins à Paris, ou encore de la grande salle de l’abbaye de Clairvaux, toutes ces constructions étant bien identifiées du XIIIème siècle.

A noter que, toujours à Aigueperse, une base identique servait, en compagnie d’une autre pierre, de soutien à un banc devant une maison de la rue du Faubourg des Oulles.
D’autres tambours octogonaux se sont trouvés à Montpensier. Il est probable que ces éléments lapidaires, très caractéristiques du XIIIème siècle, proviennent des piliers de l’ancienne grande salle du château de Montpensier.
La forteresse fut aménagée sur sa butte par les Beaujeu, puissante famille alors seigneur d’Aigueperse et de Montpensier, certainement au tournant du XIIIème siècle. C’est l’époque où cette famille donne sa charte de franchise à la ville d’Aigueperse. C’est dans ce château fort, nouvellement aménagé, que le sire de Beaujeu recevra le roi Louis VIII, lorsque celui-ci, malade, revenant de croisade dans le midi, s’arrête à Montpensier, pour y mourir (le 8 novembre 1226).
Cette simple base de colonne évoque donc de grandes pages de l’Histoire de France. Merci à la famille Duculty de l’avoir donnée à l’ACAE, afin d’enrichir notre musée lapidaire.

– Linteau de fenêtre géminée

Le linteau nous a été offert par Madame Ginette Coutière. Il provient d’une maison en ruine, autrefois propriété familiale, située rue du Bois. C’est une très belle œuvre de taille, dans un calcaire vraisemblablement de Chaptuzat, mais d’un grain très fin.

Ce linteau présente deux arcades gothiques qui, dans l’espace les séparant, montre un trèfle à trois feuilles, typique des XIIIème, début XIVème siècle.
Il pouvait surmonter une petite fenêtre à deux ouvertures, dite baie géminée. Cette pierre peut provenir de l’hôtel particulier d’un personnage aisé, résidant à proximité du palais des Montpensier, mais du point de vue de sa datation, nous sommes plutôt à l’époque des Beaujeu…
A 300 mètres du lieu de découverte de ce linteau, n’oublions pas que nous avions la chapelle de La Magdeleine, un sanctuaire situé au niveau de l’atelier actuel de l’entreprise Macheboeuf, impasse de la Magdeleine. Cette chapelle, détruite à la fin du XVIIème siècle, était accompagnée d’un cimetière. Il est possible que ce linteau en provienne.
De même, au numéro 3 de la rue du Chènevis, un haut de fenêtre gothique, taillé également dans un calcaire fin, est présent au niveau du second étage de la maison. Ces réemplois gothiques sont-ils des souvenirs de l’antique chapelle de La Magdeleine ?
Sur un plan technique, il est curieux de remarquer que, malgré la qualité du travail de la pierre, les deux arcades sont excentrées et s’inclinent vers l’extérieur.
Notre petit musée bénéficie au fil des ans de donations et permet ainsi de protéger des œuvres qui furent sculptées il y a plusieurs siècles et qui marquent l’histoire de notre région. Merci à nos donateurs ainsi qu’à tous ceux qui se préoccupent de protéger notre patrimoine régional.
Texte : O. Paradis ; photos : Sparsae