Dans Le Monde du 8 août 2019, Sylvain Siclier débute ainsi son article* sur Woodstock il y a 50 ans : « Ah, Woodstock ! Sa jeunesse pacifique, qui danse au soleil levant ou couchant. Son ambiance bon enfant, au contact de la nature. Sa chouette musique, rock, folk, soul, blues, et toutes ses bonnes vibrations, du vendredi 15 au lundi matin 18 août 1969, qui ont envahi le site, près de la commune de Bethel (État de New York)… ».

C’était l’annonce de l’époque des hippies (années 60) de leurs fleurs, « Flower power » et de « Peace and Love ». Et était associé à ce « paix et amour » le symbole de la paix… qu’on retrouva ensuite dans les manifestations contre la guerre au Viet Nam, contre l’arme nucléaire, etc.

Mais, à l’occasion de ce fameux anniversaire de Woodstock, croyez-vous qu’on aurait mentionné Aigueperse ? Rien dans la presse écrite, rien à la télévision, rien à la radio ! Quel oubli !

Ce n’était pas la guerre du Viet Nam, mais, au milieu du XVe siècle, c’était encore la guerre de Cent ans (1337-1453). Sans doute convoqué par un riche mécène, un artiste s’arrêta à Aigueperse avec ses arpètes pour décorer le plafond d’une grande salle d’apparat, au premier étage d’une maison près de l’église Notre-Dame.

Parmi les petits tableaux naïfs qu’il peignit entre les solives, on découvre celui d’une main féminine enserrée dans une main virile d’un avant-bras d’armure. Et le message :

« paix et amour »**.

Cliquer sur l’image pour l’agrandir sous un onglet séparé.

D’ici à dire que les hippies américains de Woodstock s’inspirèrent de cette expression aiguepersoise… il n’y a qu’un pas qu’on pourrait franchir… Qui sait ? Peut-être devrait-on ? Il est clair que les Américains n’ont certainement pas inventé la formule. Elle est depuis presque six siècles peinte sur un plafond d’Aigueperse.

Mais alors, qui étaient les Jimmy Hendrix, Carlos Santana, Janis Joplin et Joe Cocker de l’époque ? Est-ce que, comme à Woodstock, tout le monde dansait, chantait, fumait, buvait, etc. ? C’est très possible. C’était l’époque où les fêtes avaient leurs cornemuseux, sacqueboutiers et autres vielleux et les jeunes se lançaient dans des sarabandes (endiablées bien sûr) et tout s’achevait à la lumière des torches, par un charivari.

Nous avions déjà noté, non sans une certaine désillusion, que nul ne mentionnait l’origine aiguepersoise de la famille royale d’Angleterre lors du mariage de Meghan et Harry (voir lien ci-dessous**). Encore une fois, Aigueperse a été passé sous silence.

Closoir du plafond XVe s., Aigueperse.

On aurait bien aimé avoir un bel article du journal débutant par « Ah, Aigueperse ! Sa jeunesse pacifique qui dansait au soleil levant ou couchant. Son ambiance bon enfant, au contact de la nature. Sa chouette musique, ses danses, moresques, sarabandes et autres pavanes, et toutes ses bonnes vibrations… » et mentionnant le « Paix et amour » peint vers 1444.

Qu’on se le dise !

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* Sylvain Siclier, « A Woodstock, « Peace and Love »… et musiciens au bord de la crise de nerfs », Le Monde, 8 août 2019 in www.lemonde.fr/festival/article/2019/08/08/a-woodstock-peace-and-love-et-musiciens-au-bord-de-la-crise-de-nerfs_5497800_4415198.html
** Cf. Corrocher (J.), « Un plafond peint du XVe siècle, fleuron du patrimoine aiguepersois », Sparsae, hors série n°7, 2016, 114p
*** https://www.sparsae.fr/2018/06/14/dix-huit-generations-aigueperse-windsor-histoire/
Texte : M. Debatisse ; illustrations : Sparsae.