Lundi 15 janvier 2024, la promotion « Jean Veyssières », compagnie sortante des élèves de l’École des sous-officiers de gendarmerie de Montluçon s’est assemblée place Saint-Louis à Aigueperse, face au monument aux morts de la Seconde Guerre mondiale qui porte gravé le nom de son parrain, le gendarme Jean Veyssières, résistant, arrêté sur dénonciation à Aigueperse le 8 mai 1944 et mort en déportation à Neuengamme (Allemagne).

Jean Veyssières, gendarme d’Aigueperse, résistant, déporté en Allemagne.

Jean Veyssières est né le 16 octobre 1898 à Saint-Sauves d’Auvergne, dans le massif des Dores, d’une famille de cultivateurs.

Mobilisé à l’âge de 19 ans, il est blessé lors de la bataille de l’Aisne, le 18 juillet 1918. Il n’a pas 20 ans. Il est démobilisé le 15 juin 1920, décoré de la médaille de la Victoire, de la médaille commémorative de la Grande Guerre, de la médaille militaire et de la croix du combattant.

Titulaire du certificat d’études primaires, il s’engage dans la gendarmerie à cheval en 1924. Après une formation à l’école préparatoire de gendarmerie de Toul, il est affecté à la 12ème Légion de gendarmerie le 20 septembre 1924, puis, en 1928, à la 13ème Légion de gendarmerie. Lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate, il est gendarme à la brigade d’Aigueperse.

Jean Veyssières en faction devant le pont du chemin de fer d’Aigueperse (droits réservés)

Après la défaite de 1940 et l’entrevue de Montoire, la gendarmerie française est tout d’abord soumise aux directives de l’État français, puis , après l’invasion de la zone dite libre par les Allemands en novembre 1942, aux exigences de l’occupant.

Alors qu’une majorité de gendarmes choisit un attentisme prudent, c’est à dire une obéissance peu zélée aux ordres,  certains collaborent sans scrupule, traquent les réfractaires au Service du Travail Obligatoire, combattent la Résistance et participent à la surveillance des camps de transit, une minorité ose désobéir à un État qu’elle juge illégitime et à des actes qui s’opposent à la définition qu’elle se fait de sa mission. Jean Veyssières est de ces derniers. Dès 1943, il intègre un mouvement de Résistance.

Sur dénonciation, il est arrêté et déporté  en camp de concentration en Allemagne où il meurt suite aux traitements inhumains que ses geôliers lui infligent.

Les élèves sous-officiers reçoivent l’insigne de leur compagnie gravée au nom de Jean Veyssières.

Des faits de résistance

Après la fin des hostilités,  René Favier,  maire d’Aigueperse, commandant Montpensier en Résistance, a porté témoignage de la réalité de l’engagement de Jean Veyssières dans la Résistance à partir du mois de mars 1943. Il atteste de l’enlèvement d’essence (3000 litres) à Aigueperse en octobre 1943 en faveur de la Résistance, du transport de munitions en décembre 1943, et des informations transmises à la Résistance quant à l’emplacement de barrages de gendarmerie susceptibles d’arrêter des camarades et à des personnes menacées d’arrestation et de déportation. Il est le seul de sa brigade à avoir mené des actions de Résistance.

Lors de la rafle d’Aigueperse du 8 mai 1944 il est arrêté à la gendarmerie alors située dans la Grande rue, par la Gestapo et la Milice. Il est transféré tout d’abord à la prison allemande de Moulins, puis au camp de Compiègne et finalement déporté à Neuengamme.

Les élèves des écoles d’Aigueperse assistent à la cérémonie.

Une cérémonie émouvante et de grande tenue

A 15h30, les élèves sous-officiers, placés sous les ordres du général commandant l’École de gendarmerie de Montluçon, écoutèrent un résumé de ces faits et entonnèrent un chant écrit en l’honneur du gendarme Veyssières, leur parrain.

Au printemps prochain, la caserne de la brigade de gendarmerie d’Aigueperse recevra le nom  de Jean Veyssières.

Jean-Claude Lamazière, historien, membre du conseil d’administration de l’ACAE, publiera dans un prochain numéro de la revue Sparsae le résultat de ses recherches sur ce valeureux résistant et sur la déportation en Allemagne de plus de 1500 Auvergnats.

J.Cl. Lamazière, commente pour les écoliers d’Aigueperse la liste des morts pour la France de la Seconde Guerre mondiale
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17 janvier 2024
Texte : ACAE
Photos : M. Debatisse & N. Moulin (droits réservés)