Autour du thème d’une grande actualité que sont les perturbations des marchés céréaliers, l’Association culturelle d’Aigueperse et ses environs a invité Michel Debatisse, ancien professeur au Groupe ESSEC à Cergy puis conseiller à la Banque Mondiale, à présenter la première conférence de 2023, année marquant le 45ème anniversaire de l’Association.

L’orateur montra qu’il faut s’attendre à des tensions sociales liées à l’accumulation de diverses contraintes politiques, économiques et environnementales auxquelles font et feront face les marchés céréaliers internationaux.

Au premier semestre 2022, le blocage des routes maritimes en mer Noire a fait trembler nombre de pays s’approvisionnant en blé, maïs et tournesol venant de Russie et d’Ukraine. Partant de cette constatation, l’orateur invita l’audience à réfléchir aux liens de dépendance alimentaire entre une petite poignée de pays producteurs excédentaires, dont la France, et le reste du monde.

Mer Noire et mer d’Azov au centre des inquiétudes

Cette conférence intervint  à quelques jours du renouvellement de l’accord signé par la Fédération de Russie et l’Ukraine sous l’égide des Nations Unies et de la Turquie, qui a déjà permis, au second semestre 2022, de laisser sortir des millions de tonnes de grains d’Odessa et des ports environnants. Ce nouvel accord ouvre-t-il une période de calme relatif des marchés mondiaux, à commencer par ceux des pays les plus déshérités toujours préoccupés par la sécurisation des approvisionnements de leurs populations ?

Les dirigeants du monde entier s’inquiètent de la sensibilité des marchés céréaliers aux moindres rumeurs de perturbations qu’il s’agisse de guerres ou de désordres sociaux comme on en voit éclater ici ou là, ou de conséquences du réchauffement climatique (sécheresse, inondations) accompagné de destructions de cultures. Bien que largement excédentaire en matière de céréales, même pour son marché intérieur la France n’est pas à l’abri des mouvements erratiques des marchés internationaux et notamment de ceux venus de la mer d’Azov et de la mer Noire.

Michel Debatisse qui débuta sa carrière d’enseignant lors de la création de l’I.U.T. de Clermont-Ferrand,  montra combien il est nécessaire de raisonner au plan mondial afin d’ajuster les décisions nationales assurant à court comme à plus long terme un approvisionnement suffisant des populations.

Même en France, pays pourtant largement exportateur de céréales mais dépendant d’importations coûteuses de produits pétroliers et d’engrais, les désordres des marchés mondiaux et les perturbations climatiques se font et se feront cruellement sentir. Si l’on y ajoute les tensions internationales comme celles d’Ukraine ou de Chine et Corée, rien n’est acquis en la matière. Contrairement à un bombardement dont les dégâts sont immédiatement observables, l’arme alimentaire, comme toute arme économique, entraine des réactions en chaine pouvant souvent se répercuter sur les moyen et long termes.

Après avoir remercié le conférencier, Olivier Paradis, président de l’ACAE, annonça la publication du numéro de printemps de la revue Sparsae autour du thème des charpentes et plafonds peints médiévaux d’Auvergne.


Texte : Sparsae  Images : C. Genest, N. Moulin
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27 mars 2023